« Alycia, le petit ange à l’école »

Alycia, 8 ans, est « un ange » à l’école. Elle a une très bonne relation avec son enseignante et l’aime énormément. Elle respecte l’ensemble des règles et consignes qui lui sont données. Elle est à l’écoute, fait tous les travaux demandés dans les temps requis. Elle pose peu de questions. Puisqu’elle termine régulièrement ses travaux à l’avance, elle vient en aide à ses camarades à la demande de l’enseignante. Elle est plutôt de nature discrète et intériorisée selon l’enseignante. Dans la cour d’école, elle se comporte bien. Les éducatrices l’apprécient beaucoup. Elle aime s’amuser avec ses ami(e)s  au ballon poire et au square. Parfois elle préfère marcher seule, faire le nettoyage de la cour d’école (sans que personne ne le lui demande) ou aller parler avec les éducatrices. Elle aime beaucoup l’école et obtient des résultats se situant entre 80-95%. Ses matières préférées sont le français, les mathématiques et l’art plastique.

À la maison, Alycia est très énergique : un portrait bien différent de l’école. Elle bouge constamment. Elle pratique des sports depuis son enfance pour lui permettre de libérer le plus d’énergie que possible. Tous les jours, elle fait de l’activité physique sans que personne ne le lui demande : vélo, piscine, trottinette, gymnastique, danse, jouer dans la cour avec son chien, trampoline, etc. Il lui arrive de manger son repas du soir debout – plutôt que sur une chaise – puisqu’elle n’arrive pas à tenir en place. Cette stratégie permet d’augmenter le temps en famille et permet à Alycia de manger à sa faim. Elle est une « vraie petite comique » selon ses parents. Elle adore ricaner, elle a une bonne répartie et adore faire des blagues. Elle aime les jeux de société. Elle aime se déguiser et faire des spectacles. Elle adore apprendre : lecture, sortie au musée, documentaire, etc.

Depuis quelques mois, les parents rapportent des crises de colère « intenses » qui peuvent conduire à des gestes agressifs (cris, coups, lancer des objets, frapper sur sa porte de chambre, etc.). Plus souvent qu’autrement, les parents ne parviennent pas à identifier la cause. Les conflits avec son frère sont maintenant quasi quotidiens. Elle semble « le chercher » selon le père. Elle adopte nouvellement des comportements d’impolitesse : rouler des yeux, dire des mauvais mots, insulter. La mère nomme devoir « porter des gants blancs » pour parler avec sa fille au retour de l’école tant elle semble irritable. La période de devoirs et leçons entraine de nombreuses tensions et devient « interminable », ce pour quoi les parents requièrent maintenant l’aide d’un tuteur. La mise au lit est longue et laborieuse ce qui entraîne un manque de sommeil qui se répercute directement sur son humeur.

Après quelques rencontres, l’intervenante identifie plusieurs signes de stress et d’anxiété chez Alycia qui se manifestent tout au long de la journée, à la maison et à l’école. L’enfant se met une grande pression de performance et s’impose des attentes très élevées. Son grand niveau d’agréabilité l’amène à intérioriser ses émotions en milieu scolaire, de peur de déplaire. Au retour de l’école, Alycia est en surcharge. Lorsqu’elle se retrouve auprès de ses figures d’attachement, elle déborde. Les émotions contenues durant la journée et son « trop plein » relâchent. Cela entraîne de l’irritabilité, des crises de colère, un sentiment d’être envahie et agressée par son environnement (les demandes qui lui sont formulées l’énervent, elle n’aime pas qu’on lui pose des questions, elle a une très grosse bulle …). Son niveau d’attention et de concentration est affecté en fin de journée, ce qui complexifie la période d’études. En fin de soirée, son corps n’est pas disponible au sommeil.

Bien que cela se passe très bien à l’école pour Alycia aux yeux de tous, une observation en milieu scolaire a été très pertinente. Cela a permis de mettre en place des interventions autant à la maison qu’à l’école pour améliorer son bien-être et son fonctionnement.

Voici quelques exemples d’intervention pour le milieu scolaire :

  • discussion entre l’enseignante et Alycia pour rectifier les attentes : Alycia semble croire que les attentes sont très élevées à son égard;
  • techniques de relaxation à réaliser à plusieurs moments spécifiques de la journée pour diminuer la surcharge, notamment au retour des transitions (arrivée à l’école, retour de la récréation, retour du dîner);
  • diminuer de moitié les références à Alycia en classe pour identifier les comportements attendus des élèves (cela met de la pression de toujours bien se conduire);
  • utiliser des objets sensorimoteurs pour augmenter le mouvement, ce dont Alycia a besoin. Par exemple : une bande-rebond sur sa chaise, un ballon exerciseur à la place d’une chaise, etc.;
  • mettre en place un système entre l’enseignante et l’élève afin d’identifier les moments où Alycia ne se sent pas bien;
  • possibilité d’aller au coin calme de la classe – un bel espace d’apaisement – lorsqu’elle termine ses travaux. Elle peut lire, dessiner ou simplement se reposer;
  • faire ses devoirs un matin de fin de semaine, lorsqu’elle est davantage disponible, et faire uniquement des leçons en soirée;
  • rendre les leçons ludiques : écrire dans la porte-patio avec des crayons effaçables, utiliser des aimants sur le frigo pour la révision des mathématiques, etc.

À ces interventions se sont ajoutés plusieurs ajustements et interventions pour la maison, évidemment. De l’accompagnement à été offert aux parents ainsi qu’à Alycia.

Voici, à titre d’exemples, des améliorations observées à la maison :

  • diminution du nombre de crises de colère et de l’intensité des crises;
  • augmentation du niveau d’énergie et de la disponibilité émotionnelle d’Alycia au retour de l’école;
  • climat familial plus positif et augmentation des moments en famille dans le plaisir ;
  • amélioration de la routine de sommeil et de la qualité du sommeil;

* À noter qu’il s’agit d’une situation fictive pour représenter les défis pour lesquels nous sommes interpellés en clinique. À noter que toutes les interventions ne sont pas adaptées à tous les enfants qui présentent une situation similaire. Chaque intervention doit tenir compte de ses besoins, de son développement, de son expérience de vie, de son environnement, de ses forces et limites, de ses ressources personnelles, des ressources de son milieu, etc.